Sundance Film Festival 2022
Entrevue
$75,000 accentue l’aspect biologique de l’albinisme qui est une anomalie génétique et héréditaire qui affecte non seulement la pigmentation, mais aussi et surtout les conditions physiques et morales des personnes atteintes d’albinisme. Ces personnes sont victimes de discrimination, de mutilations et de crimes rituels en Afrique.
Bonjour Moïse merci d'avoir parlé à The New Current, comment avez-vous tenu le coup en ces temps très étranges?
Ces temps étranges, bien vrai que tout est bouleversé, m’ont permis de réfléchir autrement sur ma démarche créative. Je dirais que le confinement m’a permis de me concentrer concrètement sur mon projet de film que vous allez découvrir à Sundance et a impacté positivement mon regard artistique.
Cette période vous a-t-elle offert une nouvelle inspiration créative ou de nouvelles opportunités?
Le grand vide engendré par le confirment en début 2020 a été un moment crucial dans le processus de la création du film $75.000. Je me suis intéressé à la création des images de synthèse 3D à travers des formations en ligne, c’est grâce à cet investissement que $75,000 a vu le jour.
$75 000 a été nominé pour le meilleur film de fin d'études au Festival international du film d'animation d'Annecy 2021, qu'est-ce que cela signifie pour vous d'obtenir ce type de reconnaissance pour votre film de fin d'études?
La nomination de $75.000 pour le meilleur film de fin d’études au Festival international du film d'animation d'Annecy 2021 m’a beaucoup touché, j’ai été très ravi de voir mon film dans la sélection officielle. Chaque sélection est comme un panneau de signalisation qui m’encourage et qui me donne la force de continuer.
Félicitations pour la sélection de $75,000 dans le programme de courts métrages de Sundance 2022, qu'est-ce que cela vous fait de faire partie d'un groupe de films aussi exceptionnel?
C’est vraiment un honneur de voir que $75,000 fait partie de la sélection exceptionnelle de Sundance Film Festival 2022, une fierté. Cette sélection m’a beaucoup touché, la technique et la narration utilisées pour réaliser $75.000 seront approfondies pour la réalisation de mes futures créations.
"Ma formation au Conservatoire de Bamako-Mali était une étape d’initiation en audiovisuel, celle du Fresnoy s’articulait autour de la création artistique."
Pouvez-vous me parler un peu de la genèse de 75 000 $, de ce qui a inspiré votre scénario?
L’idée du film est née d’une histoire atroce, l’assassinat d’une fillette de cinq ans en mai 2018 au Mali. Elle s’appelait Ramata Diarra et était atteinte d’albinisme. J’ai été bouleversé par son histoire, c’est ainsi que l’envie ardente de faire un documentaire sur l’albinisme est né.
Lorsque vous travaillez sur un court métrage comme celui-ci, quels sont les principaux défis que vous devez relever pour réaliser votre vision?
Mon travail questionne l’évolution des croyances africaines dans un monde moderne, les nouvelles technologies et les conditions sociales de l’être. Ma démarche expérimentale se déploie d’une réalisation à l’autre, me permettant d’explorer des nouvelles formes d’écritures cinématographiques. Pour ce faire, je reste dans une quête perpétuelle.
Les cinéastes doivent-ils continuer à repousser les limites des films ou des histoires qu'ils veulent raconter?
Personnellement, mon regard cinématographique a été influencé par des nouvelles formes de narration, des films qui créent le lien entre le réel et l’imaginaire. L’intégration des images de synthèse nous permet d’expérimenter et de continuer à repousser les limites des films ou des histoires.
Qu'est-ce qui, dans le cinéma, vous a parlé et vous a donné envie de devenir cinéaste?
Le 7ème art me parle et me captive profondément. Il me touche de plusieurs manières, par l’image et le son qui me font vivre des moments exceptionnels remplis d’émotion. Avec le cinéma la création n’a pas de limite.
Vous êtes diplômé du Conservatoire de Bamako et du Fresnoy-Studio National des arts contemporains. Dans quelle mesure le temps et les expériences que vous avez passés dans ces deux prestigieuses institutions ont-ils influencé votre approche de la réalisation?
Ma formation au Conservatoire de Bamako-Mali était une étape d’initiation en audiovisuel, celle du Fresnoy s’articulait autour de la création artistique. Mon expérience au Fresnoy m’a fait sortir de ma zone de confort qui est la réalisation de films classiques pour aller vers d’autres possibilités de la réalisation cinématographique. Mon regard artistique a été nourri par des conférences, des échanges avec des artistes invités et de plusieurs projets qui ont été réalisé par les étudiants.
Depuis la réalisation de 75 000 dollars, quelle est la leçon la plus précieuse que vous avez tirée de cette expérience?
$75, 000 est mon premier film documentaire expérimental, je me suis investi pleinement en tant que réalisateur et technicien graphique pour avoir une texture qui correspond au film. $75,000 est le fruit de la persévérance.
Avez-vous un conseil à donner à quelqu'un qui souhaite se lancer dans la réalisation de films?
Le cinéma est un métier qui demande beaucoup d’investissement et d’énergies. Il faut être passionné pour mener chaque projet à bout.
Et enfin, qu'espérez-vous que le public retienne de $75 000?
Malgré des séances de sensibilisation organisées par les associations et les autorités, dans certaines communautés africaines, l’albinisme continue d’être extrêmement mal interprété ; un phénomène basé sur des fausses croyances. Ces croyances mettent en danger permanent la vie des personnes atteintes d’albinisme.
Je suis sincèrement reconnaissant envers le Fresnoy-Studio national des arts contemporains qui a produit le film et qui m’a accompagné tout au long de mon cursus de 2019 à 2020, ainsi qu’à toute l’équipe du film.