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Cannes Film Festival
IN COMPETITION - SHORT FILMS 2021
DEBUT

Adrian Moyse Dullin 
HAUT LES COEURS
punchlinecinema.com
Français 

Kenza 15 ans et son petit frère Mahdi 13 ans se mettent régulièrement en scène sur les réseaux sociaux dans une escalade de petites cruautés et d’humiliations. Aujourd’hui, lors d’un trajet en bus, Kenza met son petit frère naïf et romantique à l’épreuve: faire une déclaration d’amour maintenant à Jada; une fille que Mahdi aime mais qui ne le connaît pas. Mis sous pression par sa sœur Mahdi finit par y aller.

 

Salut Adrian, merci d'avoir parlé à TNC, comment allez-vous pendant ces temps étranges de Covid?

C’est ambivalent. 2020 a été très compliqué pour tout le monde. Pour la vie, la création, pour le spectacle vivant. Et en même temps, j’ai eu la chance de pouvoir tourner mon premier film. J’ai hâte de pouvoir reprendre une vie normale, que les cinémas et les salles de spectacle rouvrent complètement, mais surtout que l’improvisation et le hasard puissent revenir dans nos vies.

Concernant Haut les coeurs, le tournage a été plus qu’un challenge à plein d'égard à cause du covid. La pandémie a rendu tout compliqué, par exemple la gestion des figurants. Chaque jour était une victoire, on n'était jamais sûr d'avoir le bon nombre de figurants. Autre exemple le gouvernement français a annoncé le deuxième confinement au milieu de la semaine de tournage fin octobre 2020. On a failli arrêter le tournage, ce qui aurait signifié que le film aurait fait la moitié de la durée actuelle ! On s’est même demandé comment monter le film avec la moitié des images...C’était surréaliste. Puis à minuit, le gouvernement a finalement autorisé les tournages du lendemain.


Avez-vous été inspiré pour saisir de nouvelles opportunités créatives?
 
Je ne fais clairement pas partie de ceux que la période Covid et les lockdown ont inspiré ! Je suis hypocondriaque! Une pandémie c'est ce qu'on fait de pire pour les hypocondriaques. J’ai besoin de me sentir libre pour créer, mais bien sûr je travaille sur plusieurs autres scénarios, qui sont à des stades de développement différents.

Félicitations pour la sélection de votre première mondiale de Haut les coeurs à Cannes dans la compétition des courts métrages, qu'est-ce que cela signifie pour vous d'avoir votre film dans le festival de cette année?

C’est génial pour le film, pour les acteurs, pour la production, pour tous ceux qui ont travaillé sur le film. C’est un formidable coup de projecteur sur le travail de tout le monde et sur le film ! Personnellement, je prends simplement ça comme la reconnaissance du travail fourni sur ce projet. 

On est tous très chanceux d’être là. Je suis très content pour les comédiens notamment. Ce sont des adolescents qu’on a casté en casting sauvage qui n’étaient pas du tout acteur, qui n'avaient jamais joué. Je suis ravi de vivre ça avec eux, car pour nous tous c’est une première.

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Pouvez-vous me dire comment Hauts les coeurs est né, qu'est-ce qui a inspiré votre scénario?


C’est un assemblage de plusieurs expériences et intuitions.


J'ai fait un atelier théâtre avec ado. J'ai tout de suite été frappé par la façon dont ils se faisaient exploser les uns les autres sur les réseaux sociaux ; transcender la réalité, la pervertir en permanence, à intervalles réguliers et parfois de manière impulsive.


N'étant moi-même pas très loin de ma propre adolescence, cette vision m'a tout de suite frappé et m'a donné l'idée de cette scène - la scène finale du film - qui se jouerait dans plusieurs lieux (extérieur sur le trottoir et à l'intérieur dans le bus) et contiennent plusieurs niveaux de compréhension. Je suis donc parti de cette intuition ; cette scène de bus contiendrait un film et un dispositif cinématographique.

Par ailleurs, je travaille sur la honte, le sujet du film, depuis plusieurs années dans différents projets. La honte est un sujet qui me touche beaucoup. Le fait que certains se censurent, s’empêchent. L’auto exclusion, la virulence du regard des autres qu’on intègre. Personnellement j’ai mis beaucoup de temps avant de m’autoriser à faire des choses à partir de moi et à ne pas en avoir honte. On est beaucoup à garder, à contenir, à se sentir honteux. Chacun pour ses propres raisons. J’avais envie de parler de ça, de gens qui n’osent pas, qui doutent, qui se sentent esclave de quelque chose et qui essaient de se libérer.


Je l’ai fait à travers le "film de genre" du « sentiment amoureux », qui est la façon de formuler le réel qui me touche le plus.

Vous autorisez-vous beaucoup de flexibilité dans votre scénario ou aimez-vous vous en tenir à ce que vous avez écrit?

Je précise que c’est mon premier film, il n’est pas exclu que je travaille différemment sur les prochains mais pendant le tournage de celui-ci, je n’étais flexible que quand j’avais eu ce que j’avais écrit. Sinon on se perd très rapidement surtout sur un tournage aussi court. Il m’est parfois arrivé, quand je sentais que la scène pouvait être transcendée, de pousser un peu les acteurs dans certaines directions, de faires des « improvisations dirigées » comme on dit, pour aller chercher une phrase ou deux entendus en répétition, mais jamais très loin du texte de la scène.

En revanche j’ai pris les répétitions comme un laboratoire. J’ai testé les scènes mais j’ai très vite arrêté de travailler dessus car je sentais que j’épuisais le texte. Donc j’ai exploré les personnages en écrivant d’autres scènes qui n’étaient pas dans le script, en improvisant avec les jeunes acteurs afin qu’ils intègrent leurs personnages sans trop verbaliser, sans les noyer dans de la psychologie. Il faut que ça passe aussi par le corps, par l’inconscient, donc on a fait beaucoup d’exercices, de jeux...

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"Je ne m’amuse pas beaucoup dans ces moments-là ! Mais peut être que dans le futur je prendrai plus de plaisir à les faire."

Quelle a été la scène la plus difficile à filmer pour vous?

Je ne suis pas très fan des scènes d’action et il y en a une petite au milieu du film, que ce soit en tant que spectateur ou metteur en scène. Donc des qu’il y a des gens qui courent, qui tombent, qui se poursuivent, qu’il faut sur-découper une séquence, je m’ennuie très vite. En tant que metteur en scène j’aime être avec des acteurs, travailler des états émotionnels, qu’il y ait des accidents dans le jeu et donc être surpris par ce qui se passe.

Ce que j'aime c'est l’inverse d’une scène d’action dans laquelle on anticipe tout! Et dans laquelle on cherche justement à ce qu’il n’y ait pas d’accidents, car on veut placer la caméra au meilleur endroit, dans le meilleur angle pour ne pas avoir à refaire la scène et à remettre en place tous les figurants etc...Je ne m’amuse pas beaucoup dans ces moments-là ! Mais peut être que dans le futur je prendrai plus de plaisir à les faire.


Quelle est l'importance de la nature collaborative de la réalisation d'un film lorsqu'on travaille sur un film comme celui-ci?

La collaboration est partout. C’est déterminant. A chaque étape, de l’écriture, à la réécriture, du tournage à la post production.

D'où vient votre passion pour le cinéma?

J’étais surement un peu autiste et incapable d’exprimer mes émotions autrement.

Y a-t-il des conseils ou des astuces que vous donneriez à un collègue cinéaste?

Olala. Apprendre à aimer la solitude de l’écriture? Être sincère?

Et enfin, que voulez-vous que le public retienne de Haut les coeurs?

J’espère juste qu’ils seront touchés, émus.

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